L’école Isauro Arancibia





« Je m’appelle María Silvia, élève de l’Isauro Arancibia. J’ai vécu 21 ans dans la rue avec mes enfants, et on m’a invitée dans cette maison de Paseo Colon et Indepedencia ou est située l’école. Un jour, je me suis approchée, j’avais honte, car je n’avais pas de vêtements présentables. Ils m’ont parlé, m’ont aidée, et maintenant mes petits-enfants et mes enfants viennent ici. C’est très beau. J’ai participé à de nombreux ateliers comme la sérigraphie, la couture, le recyclage, et la fabrication d’espadrilles. Je suis avec le professeur Fede en arts visuels, et nous faisons des tableaux. J’ai déjà un bon dossier, et je commence maintenant à exposer mes tableaux. Ici, ils (Isauro) ne font pas attention à la manière dont tu es habillé.

Tout va bien avec l’école, ils m’aident beaucoup quand je n’ai pas de maison, et je viens chercher des aliments, des fruits, des légumes. »

Des gens vivant dans la rue qui vont à l’école ?

Cela m’est difficile à imaginer. Ces personnes que je vois dormir dans la rue viennent ici ? Elles étudient ? Et elles obtiennent leur diplôme?

Je commence mon reportage sur Isauro Arancibia. Me raconteront-ils leurs histoires ? Parviendrai-je à surmonter mes préjugés et mes émotions ?

En entrant, je tombe sur une pancarte : « Bienvenue à l’école de lutte Isauro Arancibia. » Suis-je dans une école de lutte ? Je lève les yeux et je vois une immense paire de chaussures suspendue au plafond. Que signifie-t-elle ?

Je me trouve dans un territoire totalement insoupçonné. Tant d’interrogations, tant d’inconnues.

Je demande où trouver Susana Reyes, la créatrice. On m’indique le chemin jusqu’à son bureau… et c’est le début de la découverte d’un monde à part.


Vidéo de l’entrée : lien vers une vidéo de l’entrée



On me conduit jusqu’au bureau de Susi, qui me raconte la fabuleuse histoire d’Isauro Arancibia.

Susana m’impressionne. Un ton ferme, une clarté d’expression, un sourire chaleureux, une force intérieure et, en même temps, beaucoup de tendresse, beaucoup d’humanité. Une force tranquille. Un plaisir de l’écouter.

PREMIÈRE PARTIE : L’HISTOIRE

« L’école n’a pas été construite pour les personnes vivant dans la rue. J’ai commencé à travailler comme enseignante pour jeunes et adultes dans un centre éducatif, en alphabétisant les femmes d’AMMAR (Association des Travailleuses du Sexe d’Argentine) en 1998. Un jour, on m’a dit : “Regarde, il y a plein d’enfants vivant dans la rue.” Après le néolibéralisme acharné de Menem, beaucoup de gens se sont retrouvés sans abri et ne savaient ni lire ni écrire.

Nous sommes allés à Constitución, où ils étaient couchés par terre. Je leur ai dit qu’une école les attendait. Le lendemain, un jeune couple est venu. Luis et Analía, 16 ans, vivaient dans la rue depuis l’âge de 13 ans. Et voilà, ils ont commencé à venir.

C’est ainsi que nous avons débuté : en 1998, j’étais seule avec 20 étudiants. Aujourd’hui, l’école compte trois niveaux d’éducation, 130 travailleurs et 800 élèves.

Pour moi, c’est une victoire : la victoire d’une pédagogie différente, une pédagogie de la tendresse, de l’amour, par opposition à la pédagogie punitive qui exclut. »

« Ici, peu importe comment vous arrivez ou à quelle heure, vous serez toujours accueillis à l’école. Si vous arrivez dix minutes avant la fin du cours, on vous dira toujours : “Bienvenue, en dix minutes on peut faire quelque chose. Félicitations d’être venu.”

Avant-hier, je suis allée à l’Université d’Avellaneda pour remettre des diplômes à certains de nos étudiants. Ils vivaient dans la rue, ici, sur l’Avenue Paseo Colón. Nous les voyions courir tout petits. Ils ont suivi l’école primaire et l’enseignement secondaire dans notre établissement et aujourd’hui, ils sont à l’université et étudient l’ingénierie informatique. C’est ça, la victoire.

Comme nous le disons à nos élèves chaque fin d’année, ce sont eux qui nous aident à devenir de meilleurs enseignants. Ils nous questionnent car comment enseigner à quelqu’un qui vit dans l’immédiateté, qui se lève d’un trottoir humide pour venir étudier, qui subit le mépris social, la violence institutionnelle ? Comment lui dire “Assieds-toi, étudie, si tu étudies, tu as un avenir” ? Cette situation nous a obligés à chercher différentes formes, différentes stratégies, et surtout à apprendre énormément d’eux. »


« Ce que nous faisons dans cette école (nous, parce que nous sommes une équipe, un collectif), c’est garantir des droits. Parce que l’éducation est un droit, et si les personnes de la rue ne viennent pas à l’école, c’est parce que ce système injuste ne leur permet pas d’y accéder.

En 2012, nous avons créé l’Association Civile Isauro Arancibia, grâce à laquelle nous avons pu mettre en place un foyer, où vivent 18 jeunes de l’école. L’idée de ce foyer est qu’ils puissent réfléchir à leur projet de vie, et qu’en s’appuyant sur cet espace, ils trouvent un travail, sortent de la consommation de produits, et aient un endroit chaud où rester, avec des repas, de l’amour, et une vie en communauté. Nous avons également un projet dans le quartier de La Boca, où nous pourrons héberger 30 familles si nous parvenons à réunir les fonds nécessaires.« 

Par ailleurs, l’Association Civile a permis de financer des ateliers et d’autres activités.

« Tout est pédagogique. Par exemple, dans le foyer, nous n’offrons pas seulement un lieu sûr où vivre, mais ils apprennent aussi à cohabiter, à cuisiner, à s’asseoir à table et discuter, et à se connecter avec leurs compagnons. C’est un espace où ils peuvent se projeter dans le futur, sortir de la consommation et trouver un travail. »( répétition avec le paragraphe au dessus ?)

Tout cela a été mis en place de manière très progressive et artisanale.« 

« Tout cela est né de l’horreur. Susi est une femme qui a beaucoup souffert. Elle a été enfermée trois mois, alors qu’elle était enceinte. On a tué son mari. À cette époque, il y avait beaucoup d’horreur, beaucoup de rancœur. Comme Isauro Arancibia, c’était un grand enseignant qui luttait pour les droits des travailleurs de la canne à sucre et de leurs familles. On l’a tué pour avoir voulu faire le bien et lutter pour la justice.

C’est pourquoi nous devons récupérer les chaussures d’Isauro, qui ont été volées sur son cadavre. Un enseignant ne peut pas marcher pieds nus au paradis.

C’est ce qui se passe à Isauro : transformer la douleur en amour.« 


DEUXIÈME PARTIE : Les trois piliers d’Isauro

Impossible d’ignorer, puisque tous les enseignants et responsables interrogés ont unanimement insisté : « Les trois piliers du projet d’Isauro sont Éducation/Art/Travail. »

Le travail

« Quand nous avons commencé l’école, nous n’avions matériellement pas la possibilité d’avoir une équipe santé, une équipe travail, ni une équipe logement. Mais dans nos têtes, nous savions que nous voulions aller dans cette direction, car notre concept pédagogique repose sur trois piliers : Éducation, Art, Travail. C’est ce dont une personne venant de la rue a besoin pour renforcer son parcours éducatif, commencer à avoir un projet de vie, et créer les conditions pour continuer à étudier.

Le problème, c’est comment attirer les jeunes vers le projet de l’école, comment faire en sorte qu’ils comprennent l’importance de passer plus de temps ici et moins dans la rue. En fin de compte, comment faire pencher la balance en faveur de l’école plutôt que de la rue. »

« Nous avons commencé à nous battre pour instaurer après les cours une heure supplémentaire obligatoire consacrée à l’art. Nous avons obtenu qu’un atelier de travail soit proposé en dehors des horaires de classe, payé par l’État.

Les personnes qui étudient le matin peuvent donc rester après le déjeuner pour se former dans des cours liés au travail, afin d’apprendre un métier. C’est ainsi que nous avons commencé avec la boulangerie, qui est aujourd’hui très bien installée, mais qui a débuté avec deux micro-ondes. La réparation de vélos a commencé avec un don de vélos en mauvais état que nous avons réparés et redessinés, et l’atelier de sacs écologiques a vu le jour il y a 10 ou 12 ans, avec la coiffure, l’art textile, etc. »

« Nous avons toujours lutté contre la perception de la société, qui voit les jeunes dans la rue comme dangereux. Nous, nous les voyons comme des jeunes en danger. Tout le contraire. »

L’Art

« Nous nous sommes rendu compte, explique Lila, que l’art est aussi important que la santé, l’alimentation ou la récupération. Ces jeunes et ces adultes arrivent avec des histoires très traumatiques, et la seule façon de transformer ces traumatismes en quelque chose de positif, c’est l’art, ce que nous appelons le droit à la métaphore.

En effet, certains étudiants n’accèdent pas à la lecture et à l’écriture formelles, mais s’expriment à travers l’art. Par exemple, Yoli est une élève du premier cycle qui ne démarre pas avec l’écriture. J’ai travaillé avec elle pendant des années : un jour, elle écrit, le lendemain, elle ne sait plus. Les marques laissées par l’exclusion sont indélébiles. Ce qui, sûrement, se combine avec des déficits alimentaires. Qui sait tout ce qu’elle a pu traverser dans sa vie. »


« En travaillant avec des populations en situation d’enfermement en prison ou venant de la rue, raconte Federico, je me suis rendu compte qu’elles ont une grande richesse à exprimer dans l’art, résultat de leurs histoires de vie très fortes. Ces situations mènent à des résolutions créatives uniques. Plus de rue, c’est plus d’expériences, plus d’observations des autres.

Je pense que les personnes de la rue ont une perspective très large de la société. C’est comme être sur une terrasse et voir la vérité sous un angle complètement différent, avec une vision amplifiée. Par exemple, le jeune ou la jeune fille qui vit dans un bidonville et sort ramasser des cartons à Caballito, Palermo ou Recoleta connaît tout ce qui se passe dans ces quartiers. Il peut te parler aussi bien d’une Alfa Romeo que d’une vieille voiture. C’est une vision de la société allant du plus simple au plus élevé. »


« Face à cette situation, les professeurs doivent adopter une attitude très humble, très respectueuse. Je me rends compte de plus en plus que la meilleure tâche qu’un enseignant puisse faire, c’est faciliter, créer un espace de production et de réflexion. Mon plus grand mérite a été de me taire lorsque María était à son premier cours. Elle est restée face à une feuille avec un crayon pendant une demi-heure, sans bouger. J’avais envie de lui dire : “Fais ça, essaie ça.” Mais je me suis tu. J’ai compris qu’il fallait attendre que le processus arrive… et il est arrivé, avec beaucoup plus que ce que j’aurais pu imaginer. »


« Peut-être que ces artistes créent des choses qui ne nous satisfont pas, avec l’éducation que nous avons reçue. Alors, on se dit : “Eh bien, moi aussi je dois apprendre.” Si tu vois Yoli peindre, tu ne peux pas le croire. Elle a un niveau de composition incroyable. Elle crée des œuvres qui plaisent, et que les gens veulent acheter. Pourquoi la traiter comme “la pauvre fille” au lieu de lui dire : ce que tu fais est génial, c’est de l’art ! »



La galerie d’art León Ferrari

« Nous avons la conviction, dit Susana, que l’art est transformateur. Dans l’atelier d’art, les élèves réalisent des travaux impressionnants, à tel point que nous avons monté une galerie, inaugurée en novembre 2023, où nous exposons et vendons leurs œuvres. Notre galerie d’art s’appelle León Ferrari. En partenariat avec la Fondation Ferrari, nous organisons des ventes aux enchères. »

« C’est pourquoi, complète Pablo, aujourd’hui les Arts Visuels font aussi partie de la section Travail. Nous considérons que les productions artistiques de nos élèves sont également des travaux, de la conception à la réalisation. »

« La galerie d’art réunit les trois piliers pédagogiques d’Isauro. Il y a des contenus éducatifs, artistiques, et la possibilité de vendre les œuvres d’artistes d’Isauro comme María Brizuela ou Yoli. »


« María vend ses tableaux environ 60 000 pesos. Elle a terminé l’école primaire et est au secondaire, mais elle n’a pas pu venir beaucoup cette année parce qu’elle s’occupait de jumeaux pour un salaire de 30 000 pesos par mois. Donc, vendre ses œuvres est très important pour nous. Elle peut dire : “Je vis de mon travail.” »



TROISIÈME PARTIE : Les témoignages

Pour comprendre Isauro, il est nécessaire de saisir ce que signifie vivre dans la rue rue et dans quelle mesure la rencontre avec Isauro ouvre la possibilité de construire un autre projet de vie. C’est pourquoi il me semble indispensable d’écouter ces témoignages.


David, le métalleux

« J’ai commencé à venir à l’école Isauro Arancibia en 2018, où j’ai débuté la primaire, pour apprendre à lire et écrire.

J’étais un inadapté social, et je le suis encore, mais maintenant, je suis plus instruit. Je peux te reprendre de façon politiquement correcte. À la Messi (« Qu’est-ce que tu regardes, idiot ? »), au lieu de sortir des insultes violentes. J’ai terminé la primaire, ensuite j’ai commencé le secondaire.

Et maintenant, je suis professeur dans l’atelier de réparation de vélos.

Quand la pandémie est arrivée, elle a interrompu le cycle de tout le monde.

En 2022, pour la première fois de ma vie, je me suis senti plus seul qu’un chien : sans odorat, aveugle, sourd, muet, sans aucune orientation. Alors je me suis fixé un objectif : faire plus attention et passer l’année. Je me suis dit : “Si je ne passe pas cette année, j’arrête tout.” J’ai réussi. C’est pour cela que je suis ici. »


« La vie t’apprend automatiquement à survivre, comme dans la jungle. Si tu as faim, tu te débrouilles, tu demandes : “Tu n’aurais pas un biscuit, un bout de pain ?” Ce n’est pas facile. Parce que, quand tu passes toute une journée gelé ou sous un soleil de plomb, si tu réussis à avoir un peu de nourriture, tu te dis : “Objectif atteint.” Mais après, tu te demandes : “Et maintenant ?” »

Tu dois définir un tas de choses quand tu es dans la rue. Tu marches sans but, d’un côté et de l’autre. La nuit tombe, il fait froid, mais tu es toujours là. Personne ne vient, et l’incertitude commence à te torturer. Un jour, tu te rends compte que tu as “merdé”, comme on dit… et tu te dis : “Quel désastre !.” Pourquoi ? Parce que quand tu es ignorant, comme je l’étais, tu fais les mauvais choix. Je me suis retrouvé dans des situations terribles, presque mort, en soins intensifs, etc. Je suis en vie parce que ni Dieu ni le Diable ne voulaient de moi. C’est mon dernier round. Si je dois me battre maintenant, je le ferai à armes égales. Maintenant, j’ai plus d’outils pour me défendre. »

« On m’appelle David, le métalleux. Tu sais pourquoi ? Parce que j’écoute du heavy metal national. »


Penélope

« Nous vivions dans le campement de Paseo Colón et Independencia. Nous étions des personnes de la rue : le matelas sale, les vêtements, nos affaires, tout était mouillé. Il y a environ 10 ans, les enseignants venaient nous offrir des vêtements. J’ai vu comment, à partir de rien, un compagnon qui vivait sous un pont sur un matelas trempé est aujourd’hui en train d’étudier pour devenir professeur d’université. »

« Mes enfants n’étaient pas scolarisés. Ils sont d’abord entrés dans un programme de mise à niveau. Une fois prêts, ils ont été admis en maternelle pour l’un, et en primaire pour l’autre. Ma fille subissait beaucoup de discrimination parce qu’elle marchait pieds nus et ne parlait pas. Quand je l’amenais dans une école, on me disait qu’elle ne pouvait pas y entrer sans voir un psychologue. Elle est venue ici, ils l’ont accueillie avec un câlin, une paire de chaussures, et un programme de mise à niveau. Maintenant, elle termine le secondaire. »



« J’ai vu la croissance de nombreux compagnons. Mariano, par exemple, a eu une enfance marquée par des abus pendant plus de dix ans et la rue. Il ressemblait à un vieillard sénile. Aujourd’hui, c’est mon compagnon. Il était dans l’atelier de peinture et maintenant il est dans l’atelier de vélos. On dirait une autre personne. »


L’occupation :

« Lire, écrire, des livres, des ateliers… garder une vie remplie. Tu te lèves du matelas, et du matelas de la rue, tu vas à l’école. Tu viens prendre le petit-déjeuner, et après, tu vas étudier avec tes camarades dans la salle de classe. Ensuite, si tu as du temps libre et ne veux pas retourner dans la rue l’après-midi, tu peux aller aux ateliers,en gardant ton esprit constamment occupé. »

« J’ai foi en Dieu et je sais qu’Il me donne la force de me lever demain. Tirer une famille de la rue grâce à l’éducation, ça fonctionne. Je suis la preuve vivante qu’on peut payer un loyer avec des efforts, qu’on peut obtenir un diplôme grâce à l’éducation, et qu’on peut maintenir une famille unie.

Au début, il y a une sorte de résistance. La rébellion contre l’obéissance. Tu entres dans une salle de classe et tu penses : « Tout le monde me regarde. » Tu crois qu’ils vont te juger. Mais ce sont des idées que tu te mets toi-même dans la tête, parce que tu te sabotes et tu te limites à cause de l’habitude. L’habitude tue, disent certains. L’habitude de la rue est toxique, elle te contamine, et il est difficile de s’en nettoyer. Et comment s’en nettoie-t-on ? En venant chaque jour pour vivre un autre rythme. Ça te coûte, parce que tu te dis : « Ces quatre murs m’ennuient, je me sens enfermé ici. » Mais il faut réaliser que la pression de la rue est bien pire que celle de travailler ou d’étudier entre quatre murs. Au contraire, venir à l’école, c’est la liberté. C’est le processus de comprendre que la liberté n’est pas l’anarchie.

Il faut de l’effort et du courage. Parce qu’un lâche fuit ; il s’en fiche de tout, il s’en fiche de sa vie. Il faut avoir le courage de dire : « J’ai une identité grâce à ce que je fais. Avant, j’étais un gamin des rues, abandonné, et maintenant je suis étudiant, je fais partie d’une équipe de travail, je suis un travailleur honnête. Et c’est ma récompense : je l’ai obtenue en étudiant et en travaillant. »

Quand tu commences à t’aimer, il y a un changement dans ton hygiène, dans ta manière de marcher. Tu ne regardes plus le sol ; c’est autre chose. Tu n’arrives plus méfiant, parce que la rue t’a appris la méfiance : tu dois dormir avec un œil ouvert. Ce sont des nuits terribles, des cauchemars. Alors tu arrives méfiant. Et ce qui te donne confiance, c’est l’accompagnement, l’exemple, l’amour. »



L’histoire du professeur Horacio Ortiz

« Le professeur Horacio Ortiz est décédé l’année dernière. Il a eu un problème lors d’une foire où il a été agressé deux fois. La première fois, il a survécu ; il a enseigné une année de plus, mais ils l’ont agressé de nouveau et l’ont tué. C’est toujours la même chose dans la rue : l’envie. Certaines personnes t’applaudiront parce que tu changes, et d’autres voudront te voir mort à cause de cette envie.

la première fois ; il a perdu la moitié de son crâne. C’était un miracle vivant, car il continuait à enseigner, même avec un demi-crâne. Et il enseignait encore mieux qu’avant, parce qu’il disait qu’il était allé au ciel, qu’il avait vu Jésus et Dieu, et qu’il parlait de l’amour de Dieu.

Cette année-là a été comme un paradis pour nous, parce qu’avant il était très strict, mais après ce qui lui est arrivé, il n’était plus aussi dur : il était plus affectueux que jamais. Cette année-là, il était dans une sorte d’urgence permanente, parce qu’il disait qu’il devait repartir. »

“Ce monde ne me plaît pas, j’étais là-haut et ils m’ont renvoyé ici pour que je parle avec vous”, disait-il .


NOTE : Le fileteado porteño est un style de peinture décorative qui s’est développé dans l’Art Nouveau. À Buenos Aires, il a émergé après l’immigration et est présent à La Boca et dans de nombreux autres lieux. Ici, nous avons un atelier de fileteado que nous avons intégré à la fabrication des vélos.

“Dieu te parle avec un murmure ou un coup de massue. Ne soyez pas aussi têtus que moi : comprenez avec le murmure, pas avec les coups. Suivez l’exemple de ceux qui ont déjà vécu tout cela.”

Le rêve de Horacio était de mettre en place des ateliers de fabrication de vélos « fileteados » (décorés de volutes de couleurs) et de faire un parcours dans tous les lieux emblématiques du tango où l’on trouve du fileteado.


Horacio est décédé à l’âge de 60 ans.

DAVID BELLO

« Je m’appelle David Marcelo Bello. Ici, à l’école, je suis le plus ancien : cela fait environ 19 ans que je viens.

J’étais à Constitución, et j’ai commencé quand cette école n’était même pas encore Isauro. Nous étudiions dans une cour, où le tableau noir était le sol et les craies des morceaux de briques creuses. Les professeurs écrivaient par terre, et nous copiions. Cela a été tout un combat pour obtenir un bâtiment, un tableau noir, une boîte de craies et des cahiers.

J’ai grandi dans la rue depuis mes 10 ans, et j’ai été dans la rue pendant 22 ans.

Mon rêve, avant tout, serait de terminer le secondaire, et probablement, je réussirai l’année prochaine. Après cela, je voudrais suivre une formation de travailleur social ou d’accompagnant thérapeutique, pour pouvoir aider de nombreuses personnes qui vivent dans la rue.

Je veux faire comprendre aux gens qui nous représentent – présidents, députés, sénateurs – que nous ne sommes ni des délinquants ni des personnes perdues, mais des gens avec des rêves. Nous avons juste besoin qu’ils s’approchent et écoutent nos histoires. Car beaucoup nous jugent et nous discriminent sans connaître nos parcours. »


« Un autre rêve est que nous ayons tous le droit d’accéder à un travail. Beaucoup disent qu’il y a du travail partout et que nous ne voulons pas travailler parce que nous sommes paresseux. Mais souvent, j’ai préparé un CV et je l’ai envoyé pour chercher du travail, mais je ne suis pas appelé. Pourquoi ? À cause des préjugés, sur ma façon de m’habiller, mes tatouages, mes cicatrices, ou le quartier d’où je viens. Alors, comment peut-on dire qu’il y a du travail si les gens vivent avec ces préjugés ? »


« J’ai publié une poésie dans la revue de l’école, El Chamuyo, que j’ai dédiée à la maman de mon fils. Je crois que c’était : “Ma tendre Margarita.”

Je ne suis pas un grand lecteur, je n’aime pas ça ; je préfère écouter et regarder. Et sur ce que je vois et entends, j’écris. Les mots viennent comme ça. »


« Mais ce que je peux lire mille fois, c’est Martín Fierro. »
David récite des vers de mémoire :
“Junta esperencia en la vida / Hasta pa dar y prestar / Quien la tiene que pasar / Entre sufrimiento y llanto, / Porque nada enseña tanto / Como el sufrir y el llorar”


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ALAN DALMASSO

« Je suis arrivé à Isauro en 2015. J’avais 20 ou 21 ans.

Au début, je suis arrivé comme un gamin de la rue. Ils m’ont toujours accueilli avec amour. J’ai toujours été très connecté avec Isauro. Les gens m’ont beaucoup étreint. Susana m’a donné beaucoup d’amour, tout comme l’ensemble de la communauté.

Je suis encore au secondaire, en première année. En ce moment, j’ai arrêté parce que je me suis beaucoup concentré sur le travail. Maintenant, j’apprends à souder, à faire de la ferronnerie, des couteaux.

Je veux atteindre mes 40 ans, si Dieu le veut, et devenir cuisinier, musicien. Avant tout, je veux avoir de l’amour, pouvoir donner de l’amour avec mon cœur, avec ce que je suis en tant que personne. »


« Si Dieu a mis sur mon chemin toutes ces belles personnes pour que je puisse avancer, pour que je puisse devenir quelqu’un de différent, je vais tout faire pour leur montrer, à Dieu d’abord, à moi-même, à mes enfants, et à ceux qui ont cru en moi, que je peux devenir une autre personne, que je peux avoir un avenir, que je peux créer un projet de vie.

Je veux surtout montrer à Susana et à la communauté qu’ils n’ont pas cru en moi en vain. Et cela m’aide énormément, parce que tout cet amour qu’ils m’ont donné, je peux aujourd’hui le transmettre aux autres. »


« Je ne veux pas les décevoir, et je ne veux pas me décevoir moi-même. Je sais aussi que j’ai de nombreuses qualités, beaucoup de défauts, mais j’ai tellement de belles choses à offrir. J’ai un cœur magnifique que Dieu m’a donné. Peut-être que je ne suis pas parfait en tant qu’être humain, de chair et de sang, mais mon cœur est digne, mon cœur est bon, mon cœur est sincère. C’est pourquoi je verse toujours des larmes en parlant des gens qui m’aident, parce qu’en plus, je suis sensible… je suis Poisson. »


« Je peux être dur, parce que la rue nous a rendus ainsi. La pauvreté, les combats constants, les affrontements avec la police, les maltraitances, les institutions… tout cela nous rend forts. Mais je ne veux pas être fort, je veux être une personne aimante, je veux donner de la tendresse, je veux chanter, je veux chanter pour Dieu, je veux cuisiner. »


VIDEO : ALAN CHANTE
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« Je chante depuis que je suis enfant. Dieu m’a donné ce don. Et j’écris aussi des chansons. »

Jesús

« Je suis devenu aveugle à cause du diabète.

C’est ma troisième année à l’école. Cette année, j’ai terminé la primaire et je vais entrer au secondaire.

Je ne vois pas… mais heureusement, j’ai un peu d’intelligence. »


« J’aime l’art. Notre richesse, c’est l’humilité. Nous devons être humbles de cœur ; c’est ça, notre richesse. Dieu nous enseigne à être humbles. Les riches ont de l’argent, mais ils ne sont pas heureux. En revanche, les personnes qui n’ont pas d’argent portent l’humilité dans leur cœur et sont heureuses avec peu de choses. C’est magnifique. Les riches ont de plus en plus, mais ils n’ont pas le bonheur que nous avons. Avec un simple plat de nourriture, nous nous réunissons tous ici et nous sommes heureux, parce que nous avons quelque chose dans l’estomac. Quand on meurt, on n’emporte pas la richesse dans le cercueil, mais on emporte le bonheur. Ce que l’on garde, c’est ce que nous portons dans notre âme.

Aujourd’hui, je me suis réveillé différemment. Avec plus d’envie de vivre, mais c’est Dieu qui en décide ainsi. »


« Voici mon fils. Il s’appelle Santino et il est en première année. »


Un témoignage anonyme aborde le sujet des drogues, très présent dans les récits :

Un témoignage anonyme

« La drogue est très présente dans les interviews. À ma question “Comment es-tu sorti de la drogue ?”, [nom anonyme] m’a répondu :

“La vérité, c’est que je ne vais pas te mentir : je n’ai pas pu en sortir à 100 %. Je n’ai pas pu, je n’ai pas pu… J’ai des rechutes, parce que les choses du monde te font rechuter, le mal, les mauvaises personnes, les souvenirs, les obstacles. Au lieu de chercher Dieu, en vérité, je retourne à la drogue.

C’est un bien-être, la drogue, qui ne dure qu’une ou deux heures. Mais après, quand tu reviens à la réalité, c’est pire, avec la même tristesse ou encore avec les mêmes souvenirs… Parce qu’elle n’efface rien, elle n’enlève rien : elle te soulage juste un moment.” »

Troisième étape : Les enseignants

Tous les enseignants rencontrés racontent ce que signifie l’expérience si particulière d’enseigner à des élèves, jeunes et adultes, en situation de vulnérabilité.

Le témoignage de Pablo Dalmastro, responsable de l’atelier de réparation de vélos, résume ce que m’ont confié de nombreux enseignants.


« Être enseignant à Isauro est une expérience militante. C’est souvent frustrant. Ce sont des projets où tout ne dépend pas de soi. Nous sommes constamment traversés par un environnement et un contexte presque toujours défavorables.

De plus, les réalités particulières de chaque élève qui fréquente l’école font que l’atelier est souvent perçu comme quelque chose de secondaire, et non comme la priorité que l’on souhaiterait. L’énergie que l’on apporte en pensant changer le monde se heurte souvent à la réalité.

Alors, ici, l’objectif, c’est une militance pour offrir l’égalité des chances. C’est une lutte quotidienne. On avance de trois pas, on recule de deux ; on avance d’un, on recule de quatre. Il y a des périodes meilleures que d’autres.

Nous avons vécu de nombreuses pertes : des gens meurent dans la rue, d’autres perdent leur liberté dans différentes circonstances. Nous sommes constamment confrontés à ces situations.

Dans le travail militant, on donne toujours plus que ce que l’on reçoit. Parce que si l’on reçoit plus que ce que l’on donne, alors on fait autre chose : de l’assistanat, de la charité, ou on agit avec une motivation presque égoïste. »


*« Ici, aux problèmes que rencontre n’importe quel être humain s’ajoute la marginalité. Il y a des générations qui naissent déjà avec une inégalité structurelle, parce qu’elles naissent sans toit. À partir de là, on construit sur rien, et on détruit sur rien, en permanence.

Le concept d’Isauro est orienté vers des gens qui sont exclus du système, et parfois pas une seule fois, mais pour la troisième fois.

C’est très difficile, même pour les enseignants, de prendre conscience de cela. Cela tient aux préjugés de classe, aux préjugés que nous portons tous.

Être enseignant à Isauro est très enrichissant, mais c’est aussi extrêmement exigeant et très mobilisant. »


Tito Cestona

« Je suis enseignant le matin, et l’après-midi, je travaille comme vendeur d’huiles et de filtres pour voitures. En plus, je suis artiste et écrivain. »


« Je travaille à Isauro depuis 2019. C’est une expérience nouvelle, clairement différente.

Les élèves viennent de la rue : parfois, ils ne sont pas présents de façon continue, ce qui complique les choses. Par exemple, aujourd’hui, nous avons lu un conte, et demain nous voudrons le reprendre, mais deux ou trois élèves qui n’étaient pas là hier arriveront. Alors, nous essayons de faire en sorte que les cours commencent et se terminent le même jour. »


« Les personnes ici ont des histoires différentes, d’autres centres d’intérêt. L’école propose autre chose qu’une école primaire classique où tout tourne autour des mathématiques et du langage.

Ici, il y a des personnes avec de grandes difficultés d’apprentissage. Par exemple, certaines personnes ne parviennent pas à passer ce qui correspondrait à un premier niveau et viennent depuis cinq ans. Nous ne savons pas toujours s’il s’agit d’un problème de handicap, d’un problème social ou de leur contexte, qui rend l’apprentissage difficile. »


« En tant qu’enseignant, tu dois désapprendre et réapprendre. Nous avons des cours d’éducation sexuelle intégrale (ESI) toutes les semaines.

Au début, je pensais que les sciences sociales étaient plus importantes. Mais maintenant, je vois que le soin de la santé sexuelle et la prévention sont cruciaux, bien plus importants que d’apprendre la géographie de l’Amérique ou de l’Europe.

Ici, nous travaillons avec ces réalités. Par exemple, María Brizuela et Yoli ont trouvé leur forme d’expression à travers l’art. »


« La vérité, c’est que ce sont ces choses merveilleuses que l’on découvre avec le temps dans cette école. C’est une grande satisfaction de voir l’évolution de certains élèves.

C’est un privilège d’être ici, même si parfois tu passes des jours où rien ne va et où tu souhaites seulement que la journée se termine. »



VIDEO
Tito raconte un conte
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Florencia et Macarena (enseignantes)

« Je suis enseignante en primaire. Cette année, je travaille le matin avec le premier cycle, appelé cycle d’alphabétisation, avec Macarena. Et l’après-midi, je travaille avec Sergio et Sol.

Le cycle d’alphabétisation est axé sur les premiers pas du processus de lecture et d’écriture. Les cycles ne sont pas strictement annuels ni semestriels. Un élève peut passer deux ou trois ans dans le cycle d’alphabétisation jusqu’à ce qu’il termine son processus. C’est très, très flexible, et c’est ce qui est formidable ici.

Par exemple, les mardis, nous avons mis en place un petit atelier de lecture et d’écriture. Nous faisons venir deux élèves de deuxième cycle qui ont besoin de travailler ces compétences. Ils viennent d’abord participer à cet atelier, puis retournent en deuxième cycle. »


Macarena ajoute un autre aspect de cette flexibilité :

« Certains élèves reviennent après une interruption de 4 ou 5 mois. La première chose qu’ils font, c’est chercher leur dossier : tout un symbole de fierté. Ils se souviennent de leurs enseignants. Naturellement, nous les accueillons à bras ouverts, ce qui serait impossible dans d’autres établissements. »


Quatrième étape : Les activités

Voici un aperçu de certaines des activités de cette école aux multiples facettes auxquelles j’ai eu l’occasion d’assister.


L’orchestre “La cuerda flotando”

Alejandra Soto explique que l’orchestre est un projet financé par l’Association Civile d’Isauro.

« Nous avons embauché des professeurs pour donner des cours de violon, de violoncelle et de contrebasse les lundis et mercredis.

Nous ne faisons pas cet atelier pour créer un orchestre à cordes en soi, mais pour que les enfants apprennent un autre langage : le langage musical. S’ils apprennent et qu’un orchestre voit le jour, tant mieux ; mais l’essentiel, c’est de leur offrir un autre capital culturel et de leur montrer qu’ils peuvent accéder au monde de la musique.

Il y a des enfants non alphabétisés qui apprennent à écrire les notes de musique. Ils ont même composé une chanson tous ensemble. Quand je les vois jouer, c’est vraiment une merveille. »




VIDEO : L’orchestre
Regarder la vidéo de l’orchestre
Ou le groupe en entier : Regarder le groupe


L’ESI (Éducation sexuelle intégrale)

VIDEO : Nati, responsable de l‘ ‘Education Sexuelle Intégrale



L’atelier de théâtre

Un matin, un garçon est venu me chercher dans un couloir et m’a dit : « Venez, je vous emmène dans la salle où se tient l’atelier de théâtre. » Comment savait-il que cela pouvait m’intéresser ? Mystère. Grâce à lui, j’ai pu assister à une répétition et la semaine suivante, à la représentation finale d’une pièce de théâtre intitulée “Les voisins dérangeants”, entièrement conçue par les élèves. C’était émouvant.


Ivana et Silvana

« Je suis Silvana, professeure de musique, et moi, Ivana, professeure de théâtre. Nous dirigeons un atelier appelé “Théâtre-musique”, où nous combinons les deux disciplines artistiques depuis 12 ans.

Nous travaillons avec le deuxième et le troisième cycle, ainsi qu’avec le groupe de formation par projets, dans le cadre du projet “théâtre-musique”.

Nous préparons cette pièce de théâtre musical intitulée ‘Les voisins dérangeants’. Cette fois-ci, nous travaillons avec un script, des dialogues, et du texte. Nous avons également ajouté une petite chanson, qui est également une création des élèves. Nous avons dû supprimer certaines scènes, car il y avait trop de personnages, trop d’idées ; nous avons donc réduit. Tout le monde voulait participer ! Le tri a été difficile, car certains élèves étaient déçus. »


« Beaucoup de nos élèves n’étaient jamais allés au théâtre… cela me donne la chair de poule. Nous montrons des vidéos pour contextualiser.

Il y a des jours où ils se connectent, et d’autres non. Cela arrive souvent : il faut travailler dans l’immédiateté. Parfois, ils ne viennent pas. Par exemple, aujourd’hui, la “vendeuse” ne s’est pas présentée. Alors, nous devons repenser le projet avec cette discontinuité. »



VIDEO : La représentation
Regarder la pièce sur YouTube

L’atelier de vélos

« Je suis ici depuis six ans, raconte Pablo, responsable de la formation pour le travail et de l’atelier de vélos. J’ai commencé à venir comme bénévole. Actuellement, je viens un seul jour par semaine.

Dans cet atelier, nous développons une “formation pour le travail”. Avec les élèves qui ont des prédispositions et de bonnes aptitudes pour la mécanique, nous essayons de former un groupe de travail, allant de l’organisation de l’espace de travail, des panneaux d’outils, à la mise en œuvre d’un projet de réparation de vélos. L’élève repart avec l’expérience de travailler en équipe et de réaliser un projet.

Nous essayons également de promouvoir l’utilisation de la bicyclette comme moyen de transport, pas seulement comme loisir. L’idée, c’est de faire en sorte que ces deux mondes se rejoignent : le monde de la rue et celui de la bicyclette. 

Par exemple, la bicyclette pour une vente ambulante a été une demande d’une élève qui vendait des jus et du café. »


« Elle avait besoin d’un moyen de transporter les jus et des thermos pour les boissons chaudes.

Les élèves de l’atelier de fileteado (peinture décorative) s’occupent de toute l’esthétique.

Ce prototype a été le premier, et il a ouvert tout un éventail de nouvelles possibilités. »


La revue – El Chamuyo

Un atelier d’élèves prépare une revue annuelle intitulée “La realidad sin chamuyo” (La réalité sans mensonges).


VIDEO : Présentation de la revue
Regarder la présentation sur YouTube



Le CAI (Centre d’Activités pour Enfants)

Tous les samedis matin, de multiples activités récréatives et artistiques sont proposées aux enfants, y compris ceux qui ne sont pas élèves d’Isauro. Parmi ces activités : un atelier de murga (danse festive urbaine), des contes pour enfants, des sports et d’autres ateliers.


La fête de fin d’année

Comme tout événement marquant en Argentine, cette chronique se termine par une fête.



VIDEO : Discours d’une diplômée
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Le bal

Et tout le monde danse !
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Ainsi s’achève mon itinéraire. En réalité, ce que j’ai ressenti tout au long de ce parcours, c’est que le projet pédagogique d’Isauro repose sur quatre piliers, et non trois : Enseignement, Art, Travail… et Amour.

L’amour, dans toutes ses déclinaisons : respect, écoute, adaptation. Un amour désintéressé mais exigeant, qui n’est pas de la charité, qui n’est pas au service d’une idéologie, mais au service de l’intégration de chaque individu. La tendresse est présente dans tous les témoignages, sur tous les murs, à chaque instant. Je l’ai ressenti moi-même dans l’accueil chaleureux des élèves et des enseignants.

Merci beaucoup, Isauro. J’ai appris énormément.


GALERIE DES ÉLÈVES


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